Tarification #5 : rendre la mobilité plus durable

Notre série de 5 articles sur la tarification s’achève avec l’analyse de Michael GREGOREVIC, Consultant Smart Mobility et Villes du futur chez SYSTRA Australie. Il aborde la question du lien entre tarification et pollution.

La mobilité servicielle, aujourd’hui désignée sous le terme de MaaS, ne pourra se faire sans aborder la question de la tarification des transports, ou plus généralement de la mobilité. Une question qui n’est pas nouvelle mais qui se pose avec encore plus d’acuité dans un contexte de crise sanitaire, avec des opérateurs durement impactés, des comportements d’usagers devenus à la fois plus exigeants et imprévisibles, et une mobilité moins routinière. Dès lors, quelle politique tarifaire adopter ? Comment faire coïncider rentabilité et efficacité, flexibilité et durabilité ? Une politique tarifaire peut-elle être un levier pour gérer l’affluence dans les transports ? La tarification peut-elle agir sur l’urbanisation et la forme de la ville ?


Ces questions, nous les avons posées à nos experts. De l’Australie au Brésil, en passant par l’Asie, le Royaume-Uni et la France, notre réseau international de consultants a travaillé ensemble pour y répondre. Pendant un mois, nous apportons un éclairage sur le sujet, nourri par des expériences locales.

En matière de tarification et de billetique dans le secteur des transports, le MaaS (Mobility as a Service) vise à proposer des services par abonnement regroupant l’accès à plusieurs modes, dans un système pratique et intégré de planification, de réservation et de paiement. Mais une autre raison d’être du MaaS est de rendre les transports plus durables sur le plan environnemental. L’un de ses aspects les plus intéressants est la manière dont il pourrait être conçu pour modifier le comportement des usagers et leurs préférences en matière de déplacement. Comment peut-il y parvenir ? Nous vous proposons 5 pistes de réflexion.

1- Se passer de la voiture ?

Dans les villes où règne la voiture, le MaaS peut aider les usagers à passer du véhicule individuel aux transports partagés, comme les VTC, le covoiturage, l’autopartage et le transport à la demande.

Pour certaines personnes, le MaaS sera suffisamment intéressant pour qu’elles abandonnent définitivement leur véhicule individuel. Pour d’autres, le MaaS est considéré comme une alternative possible à la possession d’un second véhicule moins fréquemment utilisé.

Dans les villes disposant d’un réseau performant de transports en commun, le MaaS peut encourager l’alliance entre un mode de transport partagé à faible taux d’occupation (par exemple, les VTC) et un mode de transport partagé à taux d’occupation plus élevé (par exemple, le bus, le tramway, le train), réduisant ainsi encore davantage leur empreinte carbone (Hensher et Al, 2021).

2- La gouvernance, un enjeu central pour le MaaS

Avec autant d’acteurs impliqués dans un éco-système MaaS, il n’est pas surprenant que la gouvernance soit un sujet majeur. Pour que le MaaS soit déployé de manière efficace et complémentaire au réseau de transport public, la gouvernance est donc clé.

En tant que tel, le MaaS peut encourager l’utilisation de véhicules à faibles émissions et l’installation d’infrastructures de recharge par les énergies renouvelables. Une fois que ces technologies seront suffisamment répandues, les politiques de déploiement du MaaS pourraient également évoluer vers une obligation, plutôt qu’une incitation, des options de transport durable.

3- Décarboner le réseau de transport

Outre le fait de changer le point de vue des usagers sur l’utilisation des véhicules privés, et tout particulièrement leur coût de possession, le MaaS peut également contribuer à décarboner le réseau de transport en permettant et en encourageant une plus grande utilisation des modes de transport actifs tels que la marche ou le vélo.

A titre d’exemple, un essai mené à Göteborg, en Suède, a permis d’attribuer des points aux clients pour chaque tonne de CO2 évitée grâce à l’utilisation de modes de déplacement durables (UbiGo, 2014), les points pouvant être échangés contre divers biens et services.

4- Lisser la fréquentation des transports publics

Les transports publics doivent être dimensionnés pour gérer les pics de charge quotidiens, participant de fait à une inefficacité inhérente. La tarification au sein d’un MaaS constitue une opportunité unique pour encourager le passage à des déplacements en dehors des heures de pointe, réduisant ainsi les demandes à ces heures sur le réseau.

La plus grande flexibilité dans les pratiques de travail apportées par le Covid-19 crée elle aussi cette opportunité de souplesse. Avant même la pandémie, la ville de San Francisco avait déjà mis en œuvre un schéma similaire à travers une tarification dynamique sur le stationnement. L’un des objectifs du programme SFpark mis en place en 2017 est de s’assurer de la disponibilité de places dans certaines zones géographiques, à travers une tarification tenant compte du taux d’occupation des places de stationnement (San Francisco Municipal Transportation Agency, 2017).

5- Des transports plus durables

En combinant plusieurs des thèmes ci-dessus, et en optimisant les systèmes nécessaires aux déplacements des usagers, nous pensons qu’un réseau de transport peut devenir plus vert. Cela signifie concrètement : plus d’espace dans les villes pour les parcs, pour les arbres et pour les modes de déplacement actifs.

À travers les actions abordées, le MaaS soutient donc cet objectif de rendre les transports publics moins polluants, en permettant de réduire l’utilisation de véhicules individuels privés, d’augmenter l’usage des modes de transports partagés, d’encourager les modes de déplacement actifs et de réduire les exigences de charge de pointe des transports publics.

À n’en pas douter, le MaaS est une réponse d’avenir durable aux problématiques des transports publics.

Et n’hésitez pas à contacter nos experts pour tout sujet lié à la tarification et au MaaS :

SYSTRA Royaume-Uni et Irlande : Fitsum TEKLU, directeur de l’activité de conseil ferroviaire, fteklu@systra.com

SYSTRA Asie :

 Chris AYLES, responsable des activités de SYSTRA en Asie du Sud-Est et en Australasie, cayles@systra.com

Nicolas SIAUD, planificateur de transport urbain spécialisé dans la planification des transports publics, nsiaud@systra.com

SYSTRA Brésil : Sabina KAUARK, directrice Conseil, skauark@systra.com

SYSTRA France :

Aurélie JEHANNO, directrice Mobilités, ajehanno@systra.com

Timothée COLLARD, consultant Mobilités, tcollard@systra.com

SYTRA Australie : Michael GREGOREVIC, mgregorevic@systra.com

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