Les études de flux, un outil précieux pour mieux accueillir les passagers dans les stations de métro

Les études de flux permettent de bien comprendre et de gérer le mouvement des voyageurs pendant des situations exceptionnelles comme celles que nous vivons actuellement. Mises en place et analysées par SYSTRA, elles permettent également d’accompagner les opérateurs et les exploitants de site sur les possibles solutions d’aménagement à apporter pour accueillir au mieux les voyageurs, du point de vue du confort et surtout de la sécurité.

La crise sanitaire actuelle et les différentes directives du gouvernement, notamment en matière de confinement, entraînent une forte diminution des déplacements et donc de l’utilisation des transports publics. Même si cette crise sanitaire tend à s’apaiser, des mesures barrières resteront toujours d’actualité pour lutter contre une nouvelle propagation du virus. Dans ce cadre, avec le déconfinement et les déplacements liés à la reprise des activités qui s’annoncent, la gestion de la distanciation physique est un enjeu majeur et ce, pendant une durée encore indéterminée.

Une vision globale indispensable

Quels en seront les impacts sur le quotidien des voyageurs utilisant les transports en commun ? La question de la gestion des flux de voyageurs dans des espaces clos et restreints telles que les stations de métro est un des éléments qu’il convient d’analyser, ainsi que celle de l’occupation des rames, dont la capacité sera réduite avec les règles de distanciation. Cette question doit s’évaluer avec une vision « système global », tenant compte à la fois des capacités de « stockage » et d’écoulement des flux de passagers.

Les études de flux apportent des éléments de réponses à cette problématique. Elles permettent de vérifier la sécurité et le confort des voyageurs, en lien avec ces mesures barrières, mais également d’assurer une exploitation robuste et optimale des espaces publics, grâce à la mise en place de préconisations d’utilisation de l’espace et de circulation des voyageurs.

La vidéo réalisée par nos équipes montre deux simulations dynamiques (*) , appliquées sur un cas très concret d’une station de métro :

  • Une situation normale d’exploitation pour une station accueillant 2 000 voyageurs pendant le quart d’heure le plus chargé ;
  • Une situation pendant le déconfinement, préconisant des aménagements pour respecter les différentes mesures et visualiser l’impact de la distanciation physique par rapport à la situation normale.

*Les points bleus représentent les voyageurs entrés dans la station (dits, les montants), les points rouges les voyageurs se dirigeant vers la sortie (dits, les descendants).

Cliquez ici pour regarder la vidéo

La distanciation physique augmentant le besoin en espace des voyageurs, les stations de métro ne peuvent pas absorber leur fréquentation habituelle pendant les heures de pointe. Pour garantir la meilleure exploitation possible, nous préconisons plusieurs dispositifs pour optimiser au mieux l’utilisation des espaces de la station (en orange dans la vidéo).

des solutions pour RÉPONDRE au besoin de distanciation physique

Ces dispositifs assurent, dans notre étude de cas, une capacité d’accueil denviron 70 % de la fréquentation habituelle en heures de pointe, grâce aux propositions suivantes :

  • Un marquage au sol permettant, de manière intuitive (type « nudge »), le respect de la distanciation physique sur l’attente et le cheminement des voyageurs ;
  • Une mise en place de « zones tampon » pour l’attente des voyageurs à la fois en amont des escaliers et des contrôles automatiques de billets, mais aussi au niveau du parvis de la station, contrôlées par des agents ou par une signalétique dynamique ;
  • Une gestion des flux en lien avec l’exploitation de la station, comme par exemple : une neutralisation de la moitié des lignes de contrôles automatique de billet, des escaliers dédiés pour une séparation efficace des flux entrants et sortants de la station, une utilisation de tickets/abonnements dématérialisés afin d’éviter au maximum les groupements autours des guichets/automates, etc.

La station modélisée fonctionne bien en temps normal et n’observe pas de situation de congestion. Pour une station dont la capacité d’accueil serait déjà saturée en situation normale d’exploitation, ce taux de 70 % sera abaissé, à configuration d’espace équivalente.

Cette première approche ne tient pas compte de la distanciation physique qui serait nécessaire dans les rames de métro. Celle-ci viendra diminuer la capacité d’emport de chaque unité[1] et par conséquent, la capacité d’accueil de la station pourrait être moindre. Une modélisation plus complexe est tout à fait possible pour tenir compte de cet effet.


[1] La simulation dynamique considère que les voyageurs en attente sur les quais peuvent toujours monter dans la rame

Par ailleurs, l’offre de service disponible (fréquence de passage entre 2 rames) peut faire évoluer ces conditions, tout comme la gestion de l’accès à la station et donc l’attente sur l’espace public. En effet, le volume de voyageurs observé en situation normale d’exploitation est le reflet de l’offre de service du métro, mais également des correspondances avec les autres modes de transport. Ainsi, en situation de crise, le niveau de service global offert par le réseau est modifié, ce qui impactera forcément le nombre de voyageurs en station.

Cette simulation est donc à positionner dans une réflexion globale des déplacements et de distanciation physique dans tous les espaces publics, qu’il est tout à fait possible de modéliser avec nos outils.

Il est ainsi nécessaire de coupler deux enjeux majeurs : la fréquentation finale de la station et le remplissage des rames de métro pour éviter une saturation du système.


Les lignes directrices pour répondre à ces enjeux appellent une réflexion plus globale :

  • Continuer à favoriser le télétravail, ou à minima, moduler les horaires de certaines activités afin de limiter le volume de voyageurs pendant les périodes de pointe (à bord des rames et en station)
  • Pour le métro, faire le choix de fermer certaines stations, afin d’augmenter la vitesse commerciale et par la même la fréquence de passage entre deux rames à moyens constants (nombre de rames et de conducteurs), en invitant les déplacements courts à s’effectuer par d’autres moyens (modes actifs)
  • Faciliter le report vers d’autres modes de transport (marche à pied, vélo, trottinettes et scooters électriques, taxis, VTC)
  • Développer des outils et applications (type MaaS, Mobility as a Service) pour informer au mieux les usagers en temps réel sur, par exemple :
    • La fréquentation d’un mode de transport et ainsi rediriger les usagers vers des modes de transport alternatifs, afin d’éviter d’éventuelles congestions et pertes de temps (dissuasion)
    • Le choix de place dans une rame de métro (mais aussi dans un bus ou dans le tramway), via un système de réservation, pour ainsi limiter, par un quota fixe, le nombre d’utilisateurs des transports en commun.

Dans tous les cas, les règles de distanciation physique dans les transports urbains des grandes métropoles sont incompatibles avec le maintien de la capacité d’emport.

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