La promesse d’un choc d’offre multimodale au service de la transformation des territoires.
Si l’idée de s’appuyer sur les étoiles ferroviaires n’est pas nouvelle, les Services Express Régionaux Métropolitains (SERM)[1], en misant sur un choc d’offre de transports multimodale, adossé à une augmentation forte des services ferroviaires, incarnent une ambition forte et novatrice pour repenser la mobilité à l’échelle des grands bassins de vie.
Après des décennies de politiques publiques de mobilité centrées sur les cœurs urbains, les SERM actent un virage stratégique, en proposant des réponses aux enjeux de déplacements des espaces périurbains et ruraux, dans l’aire d’influence des grandes métropoles. Moins denses, plus difficiles à desservir, ces territoires génèrent pourtant des déplacements nombreux, longs, majoritairement effectués en voiture particulière faute d’alternative. Par conséquent, ils portent une empreinte environnementale également lourde. Une réponse adaptée s’impose pour concilier mobilité, équité territoriale et transition écologique.
À ce jour, 26 projets de SERM ont été labellisés [2], avec une implication directe de la SGP dans 16 d’entre eux.
En 2025, de nombreux projets sont en phase de préfiguration, sous l’égide de la Société des Grands Projets (SGP) à Lille, Rouen, Clermont, St Étienne, … ou directement des Régions comme à Tours, Orléans, Bordeaux, au Pays basque… , en vue de l’obtention du statut de SERM courant 2026. Notons que ces démarches s’inscrivent le plus souvent dans la continuité de travaux déjà engagés par l’écosystème d’acteurs locaux : RER d’agglomérations, démarche interSCoT [3], schémas directeurs, CPER, dynamique des pôles métropolitains ou syndicat SRU [4] par exemple.
SYSTRA, acteur majeur de l’ingénierie et du conseil dans une approche intégrée de la mobilité et de l’aménagement, intervient aux côtés des collectivités organisatrices de la mobilité, de la Société des Grands Projets, de SNCF Réseau et de SNCF Gares & Connexions, assurant une assistance technique lors de la phase de préfiguration sur des territoires tels que Clermont-Auvergne, Lyon, Saint-Étienne, Chambéry, Lille, Lyon, ainsi que le périmètre franco-suisse (Annecy/Genève).
Les SERM, une réponse aux besoins de mobilité au-delà des coeurs métropolitains
L’idée des SERM consiste à répondre aux besoins de mobilité quotidienne en reliant les centralités à leurs périphéries, ce qui implique de penser les mobilités au-delà des ressorts territoriaux des AOM locales et de penser la complémentarité des modes ferroviaire et routier.
Les SERM ne se limitent donc pas à une simple amélioration de l’offre ferroviaire. Ils reposent sur un « choc d’offre multimodale » combinant :

La réussite des SERM repose sur la bonne articulation du bouquet de services de mobilité et une approche voyageurs pour fluidifier la chaine de transport. Cela passe notamment par un travail sur l’identité visuelle des services, l’intégration tarifaire, l’information multimodale et la coordination physique et horaire.
À ce stade, si un cadre commun existe via la checklist fixée par l’Etat et la SGP pour les dossiers d’octroi, on peut noter toutefois l’absence d’outil de modélisation commun pour évaluer les effets des Services Express Régionaux Métropolitains, ce qui rend difficile la mesure de leurs impacts, tant en termes de desserte qu’en matière de report modal de la voiture individuelle vers les modes de transport plus vertueux et moins carbonés que sont le ferroviaire, le bus à haut niveau de service ou les modes actifs.
Les Serm, comme levier d’une nouvelle doctrine d’aménagement des territoires ?
Mieux articuler transport et urbanisme est un enjeu et une préoccupation des pouvoirs publics qui ne date pas d’hier. Orienter le développement urbain vers les transports collectifs, densifier l’habitat à proximité de ces derniers et favoriser la mixité fonctionnelle ont fait l’objet de nombreuses planifications et plans d’actions. Ces politiques ont toutefois connu un succès plus marqué dans les centres métropolitains que dans les zones périurbaines et rurales. Les projets de SERM offrent un nouveau cadre d’expérimentation à cet objectif.
A titre d’illustration, le projet de SERM Nantes-Saint Nazaire, mise sur le choc d’offres de transport (ferroviaire et intermodal) pour catalyser une dynamique forte en faveur du développement d’une armature métropolitaine multipolaire structurée autour de pôles secondaires renforcés. (cf carte ci-dessous). Ces pôles sont classés en trois catégories : structurants, intermédiaires et de proximité selon leur population, les emplois, équipements et capacités en matière de production de logement.
Le choc d’offre consiste à développer une offre ferroviaire cadencée au quart d’heure tout en menant une action sur les pôles gares :
- Faire converger les offres de transports en commun locaux et régionaux,
- Densifier l’habitat et diversifier les emplois et services à proximité des gares et des principaux arrêts de transports en commun interurbains,
- Adapter la politique de stationnement : abondante pour le vélo et régulée pour la voiture,
- Développer des continuités piétonnes et cyclables, et le jalonnement automobile vers les gares et principaux arrêts de transports en commun interurbains.
Si la stratégie est claire, la mise en œuvre n’en est pas moins délicate. Il faut pour cela s’assurer de la maitrise foncière pour :
- Diagnostiquer la disponibilité et la dureté foncière,
- Etablir une stratégie d’acquisition et de mutation foncière,
- Déployer une ingénierie juridico-économique pour permettre les montages de projet.
Au-delà des gains économiques et environnementaux, l’articulation urbanisme-transport peut également constituer un levier pour optimiser les plans de financement, via des mécanismes de captation de la valeur foncière. Ces dispositifs, éprouvés à l’international et expérimentés dans le cadre du Grand Paris, nécessitent à la fois un ajustement des outils existants (anticipation foncière) et, dans certains cas, des évolutions législatives pour permettre la mise en œuvre de certains mécanismes fiscaux.
POurquoi le dialogue territorial est-il une clef de la réussite des SERM ?
La création et la concrétisation des SERM impliquent une multitude d’acteurs (financeurs, collectivités territoriales, monde économique et associatif) et nécessitent de prendre en compte la diversité des usages et expériences propres à chaque territoire. Ces dispositifs s’inscrivent dans des espaces où des politiques de mobilité sont déjà pensées, décidées et en cours de déploiement à divers échelons, avec l’objectif de s’inscrire dans la continuité de ces travaux.
Dans ce contexte, le rôle du dialogue territorial est clef.
Les trois types d’acteurs embarqués par les équipes de préfiguration sont à ce stade :
- les financeurs,
- les collectivités directement concernées mais non financeurs (intercommunalités),
- et le cercle économique et associatif.
Seul le SERM de Lille a fait l’objet d’une concertation grand public.
L’enjeu de ces rencontres en phase de préfiguration est de capitaliser sur les dynamiques lancées localement par les acteurs du territoire, en les croisant avec les bonnes échelles de décision et des moyens de financement. Il s’agit de mettre en valeur les réflexions déjà engagés par les territoires, et de permettre aux décideurs et financeurs de prendre des décisions éclairées, partagées, ancrées localement, avec une vision plus large que celle de leur compétence locale.
SERM: un cadre législatif à territorialiser
Si le SERM a fait l’objet d’une définition et d’un cadrage par la loi, son application dépend de l’appropriation locale, notamment par les équipes techniques des institutions locales. Cela pose la question de l’ancrage territorial des décisions législatives pour éviter l’écueil d’une simple « coquille vide ».
Le dialogue territorial: un mécanisme de concrétisation et de coordination
La participation, le dialogue territorial, jouent ce rôle de rouage indispensable pour mettre en marche la dynamique, entre les objectifs nationaux (la stratégie nationale bas carbone en premier exemple) et la réalisation sur le terrain, prenant en compte les enjeux de mobilité propres à chacune des bassins de vie.
L’animateur de ce dialogue joue un rôle crucial et doit articuler les différentes strates de décision, assurant le relais des voix et actions du territoire. Il se veut le lien entre les enjeux locaux et les ambitions nationales, garantissant la pertinence et l’efficacité de la stratégie de mobilité à l’échelle locale. Dans certains cas, c’est la SGP qui a pris ce rôle, dans d’autres les Régions, en tant que chef de file de la mobilité.
SYSTRA, acteur du dialogue territorial auprès de la SGP dans la mise en œuvre des SERM
Systra accompagne la SGP dans cette étape de dialogue territorial, indissociable de la phase de préfiguration des SERM, sur le territoire franco-suisse, à Chambéry, à Saint-Etienne, ou encore à Clermont-Ferrand.
Objectifs principaux
- S’inscrire dans la continuité des démarches déjà engagées par les parties prenantes,
- Associer largement les acteurs du territoire pour favoriser l’émergence d’un projet partagé,
- Favoriser l’écoute et le dialogue à travers différents formats (entretiens, ateliers…),
- Enrichir le schéma d’ensemble et consolider le scénario préférentiel,
- Rendre compte et restituer les contributions des parties prenantes dans les instances décisionnelles.
Dans ce cadre, les missions assurées par SYSTRA relèvent de:
- Accompagnement de la SGP dans ses entretiens avec les parties prenantes locales : présentation des interlocuteurs, comptes-rendus analytiques, …
- Synthèse des entretiens et des enjeux de mobilité,
- Présentation et facilitation lors des ateliers de dialogue territorial.
Les profils mobilisés sont mixtes (environnement/concertation / mobilité), marque de fabrique du Groupe en France qui favorise des parcours de carrière hybrides et les passerelles entre métiers.
[1] Institués par la loi n°2023-380 du 21 mai 2023 et faisant suite fait suite aux orientations de la loi LOM (2019) et la dynamique lancée par le rapport du Conseil d’orientation des infrastructures sur la mise en place de RER métropolitains.
[2] Avec une demande en cours de la Région Réunion, pour son projet Réunion Express.
[3] SCoT : Schéma de cohérence territoriale, outil de conception et de mise en œuvre d’une planification stratégique intercommunale, à l’échelle d’un large bassin de vie ou d’une aire urbaine.
[4] Syndicat de type SRU : issu de la loi « Solidarités et Renouvellement Urbain », outil de coordination dédié exclusivement aux transports, permettant aux autorités organisatrices de mobilité (AOM) de différents niveaux de s’associer pour optimiser l’offre de transport.