Page 17 - Cahier Les futurs du métro

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Éloge TEXTE P.R. La végétation dépend de la a mis en riaux à haute effusivité, et les ma-

porte-à-faux
tériaux en face de nous devraient
qualité de l’air, de la lumière, du
Éric Senabre
taux d’humidité. Or, il y a une le concept même être à haute émissivité.
du vide → Alors que → Justement, qui rend tout cela difficile à gé- de « circulation → Quel rôle
part de dépendance technique

de l’air »…
l’architecture
dans le vide créé
la géothermie
rer, à commencer par l’arrosage.
renvoie par les espaces Et puis, les effets seraient cer- P.R. On ne sait pas encore parfai- pourrait-elle jouer
tement comment le virus cir-
spontanément du métro, comment tainement plus psychologiques cule. Des études montrent que dans la manière
qu’autre chose. Un humain a be-
à l’image de penser la question soin en moyenne de 300 arbres si Milan a été à ce point tou- de penser
matériaux, du confort pour compenser son empreinte chée, c’est à cause de la pollu- le métro futur ?
de masses, climatique carbone annuelle de CO : avec tion de la ville et des particules P.R. Je pense que l’on peut large-
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de surfaces, et de l’efficacité des milliers de personnes dans fines sur lesquelles se fixerait le ment utiliser la géothermie pour
de volumes pleins, énergétique ? le métro, quelques arbustes ne virus. Dans le cas du métro, bien venir rafraîchir l’air en été quand
sûr, il est légitime de craindre
vous défendez P.R. À Paris, il suffit de descendre feront pas grand-chose. Cela ne une circulation plus active du il est soufflé dans le métro. Un
changera pas radicalement la
une vision centrée à 5 m sous la terre pour avoir la fraîcheur de l’air, du moins, pas virus puisqu’il y a une concen- peu à la manière des puits cana-
diens. S’il est soufflé directement
sur l’idée de vide. température annuelle moyenne davantage qu’avec un bassin ou tration très forte de particules dans les tubes du métro depuis
Que représente-t-il de la ville, entre 11 et 12 °C. Un une fontaine. fines. Mais la solution pourrait l’extérieur en période de canicule,
dans votre peu comme les caves à Reims, où être de diluer cette concentra- il va être brûlant. Mais si on le fait
l’on fait maturer le champagne.
démarche ? Les églises de la Renaissance, → Quels autres tion, comme on peut déjà le circuler sous l’air dans des ser-
faire pour la pollution à la sur-
Philippe Rahm La mission première comme les basiliques romaines, leviers d’action face. pentins, il aura eu le temps de se
de l’architecture, on l’oublie avaient justement une valeur est-il raisonnable refroidir. Bien sûr, c’est un peu
compliqué de faire bouger l’air
trop souvent, c’est justement de thermique. Le métro, aujourd’hui, d’envisager pour → Vous évoquiez naturellement, mais… c’est pos-
créer un espace, un vide, dans est avant tout fonctionnel : des rendre le métro la fraîcheur sible ! En utilisant des cheminées
lequel il ne va pas pleuvoir tubes qui relient des stations les plus résilient, des églises de solaires, qui sont noires dans leur
quand il pleut dehors, où il y a unes aux autres. Mais il pourrait ou, du moins, partie supérieure et vont sur-
moins de soleil quand il y en a être intéressant de lui penser une plus agréable ? la Renaissance. chauffer afin de créer des dépres-
trop à l’extérieur. Ce sont des valeur « urbaine », comme les Dans le même ordre sions. Ces cheminées thermiques
portions du monde, de l’atmos- shopping mall canadiens à de- P.R. Avant tout, la qualité de l’air d’idée, y a-t-il un pourraient permettre de se pas-
phère du monde, que l’on va mi-souterrains. Cette valeur ther- et la lumière. Les spectres émis travail à effectuer ser d’une ventilation mécanique.
transformer pour que le climat à mique pourrait avoir un rôle public. par les tubes du métro sont sur les matières
l’intérieur soit plus habitable Reste qu’en hiver, actuellement, il y standard, mais on devrait les utilisées dans
pour l’homme. Les murs exté- a des déperditions énormes de choisir pour être plus en phase
rieurs sont là pour délimiter ce chaleur en provenance du métro. avec les besoins métaboliques le métro ?
L’architecte suisse vide. Ce qui m’a intéressé, c’est On devrait pouvoir récupérer l’air à de lumière des passagers, et P.R. Oui, ce sont des questions
pourquoi pas les faire varier en
Philippe Rahm promeut de me dire « ce vide n’est pas la sortie des bouches de métro fonction du moment de la jour- d’émissivité et d’effusivité très
importantes. Un matériau en face
pour éviter ce gaspillage.
neutre, c’est une matière ». Et
une expérience de cette matière, on peut la définir née. Pourquoi ne pas imaginer de nous qui aurait une haute
l’architecture où le selon des paramètres réels de → Pensez-vous que la lumière devient jaune le émissivité absorberait notre cha-
physiologique et température, d’humidité et de que la végétalisation soir pour ne pas bloquer les cy- leur puisque, dans le même
le météorologique qualité de l’air, de quantité de du métro soit cles circadiens ? La question de temps, il serait constamment re-
occuperaient une place lumière, de rayonnements. Il y a une piste à suivre la qualité de l’air, elle, est en- froidi par les 11°C de la terre.
core compliquée à traiter. Dans
centrale. Il a accepté une aussi une part chimique, en matière l’absolu, ces deux notions pour- Dans le métro, tout ce qu’on
électromagnétique… L’architecte
touche devrait être des maté-
de réfléchir avec nous travaille sur des briques, du bé- de régulation raient même revêtir une qualité
à ce que pourrait être, ton, de l’acier, mais pourquoi ne thermique ? esthétique : et si la beauté du
à l’avenir, un métro plus pas y intégrer la pollution de Ou, a minima, métro résidait avant tout dans De profundis
La station de métro Arsenalna, à Kiev, a la drôle d’idée de se situer
en phase avec les besoins l’air, la température, le type de une manière de sa lumière et son air ? au sommet d’une vallée. En conséquence, les quais se trouvent 105 m
naturels, aussi bien lumière ? C’est ainsi que j’envi- faire un trait d’union → Le hic, c’est plus bas et nécessitent un long voyage sur les escalators : on y passe
en matière de climat sage mon travail : en considé- entre surface qu’aujourd’hui la en général 5 minutes. Bien sûr, il ne s’agit pas de cruauté gratuite
de la part des ingénieurs : la station suivante se trouve bel et bien
rant le vide comme la matière
que d’individus. première de l’architecte. et sous-sol ? crise de la covid-19 dans la vallée, et il aurait été beaucoup plus compliqué de faire gravir
une pareille dénivellation au train lui-même.

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